samedi 29 décembre 2012

Mansfield Park de Jane Austen



La très jeune Fanny Price, fille aînée d'une trop nombreuse fratrie, est invitée à vivre à Mansfield Park dans la famille fortunée de sa tante maternelle, lady Bertram. Éduquée comme ses quatre cousins sans qu'on lui laisse jamais oublier sa position subalterne, Fanny se révèle être une jeune fille intelligente et raisonnable mais timide, maladive et très effacée. Seul son cousin Edmund lui montre de la gentillesse et de l'intérêt, les autres, par malveillance, maladresse ou indolence la tenant pour quantité négligeable. Pendant une très longue absence de leur père, les jeunes Bertram pratiquement livrés à eux-mêmes, subissent l'influence de deux jeunes londoniens riches et brillants qui vont profondément marquer leur vie.

Bien que Mansfield Park puisse être considéré comme un roman d'apprentissage relatant les années de formation de Fanny Price, l'histoire est plus centrée plus sur la maison qui donne son nom à l'oeuvre que sur un personnage en particuliers. D'autant que Fanny est trop effacée pour être vraiment attachante. Mansfield Park représente un refuge, un asile de confort, de tranquillité et de bienséance protégeant ses habitants du monde extérieur, qu'il soit brillant et corrompu à la façon de la bonne société londonienne ou bruyant et sale comme l'étroite maison de Portsmouth où Fanny est envoyée "en pénitence" pour avoir refusé les règles du jeu de la vie mondaine. A l’abri de ses murs, Fanny pleine de gratitude, s'est forgé d'excellents principes et un sens moral rigoureux qui lui donnent une certaine clairvoyance. C'est le seul personnage qui ne s'aveugle jamais, voyant toujours très clairement les personnes et les évènements qui l'entourent, cependant elle peine à s'exprimer et à convaincre. Les autres personnages plus vifs, brillants et diserts fardent à plaisir consciemment ou non la réalité, ce qui va les entraîner vers les regrets, la souffrance voire l'exclusion définitive du paradis représenté par Mansfield Park.
 
Il est bien difficile de rendre compte de ce roman dense et complexe qui mêle de nombreux thèmes chers à l'auteure. Il y aurait tant de choses à en dire, sur l'obéissance et les conventions sociales, les relations familiales, l'éducation des filles, l'esclavage même quoique une bonne partie des références en la matière aient été perdues pour moi, trop pointues et datées pour mes humbles connaissances. Pour autant cette histoire n'a pas la fraîcheur, la drôlerie et le mordant des autres romans de Jane Austen. Certes on retrouve parfois l'acidité malicieuse du ton austenien, lorsqu'il s'agit de la tante Norris par exemple - cette insupportable mouche du coche, mais dans l'ensemble le ton est beaucoup plus sentencieux. Quant à la construction très théâtrale, elle est proprement fascinante entraînant le lecteur dans une succession de tableaux, souvent symboliques, propres à servir une narration extrèmement efficace. En conclusion si ce n'est pas mon roman préféré de Jane Austen, j'ai passé un excellent moment dans la campagne du Northamptonshire. Austenien et c'est tout dire !

Note : 8 / 10

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