1- Vous avez mené une vie riche en diverses expériences. Vous avez fait de l'enseignement, du théâtre pour ensuite vous mettre à la rédaction d'abord de chronique et des livres par la suite. Et enfin vous faites de la réalisation. Pouvez vous nous expliquer ces changements et revirements ? Est-ce par opportunité, par pur hasard ou par choix ?
J’ai toujours écrit. Depuis l’âge de 8 ans. Mais je devais gagner ma vie et j’ai donc exercé mon métier - prof de morale- pendant plusieurs années. Au même moment, je publiais mon 1er livre aux éd Le Cri à Bruxelles : « Contes pour petites filles perverses » qui avait été illustré par Leonor Fini. J’avais 20 ans et ce livre a été très remarqué. Puis, j’ai eu une vie amoureuse très chaotique, j’ai suivi mes coups de coeur et j’ai dirigé une galerie d’art à St Gilles pendant 7 ans.Je faisais aussi de l’édition d’art. Pendant ce temps, j’exerçais le métier de journaliste pour Père Ubu ( un journal satirique), puis bien plus tard, pour Focus ( un truc branché). J’ai été critique de cinéma, critique de livres, comédienne au théâtre wallon pendant 10 ans, puis j’ai donné des cours d’écriture de scénario cinéma au Parallax, à l’Université Européenne d’écriture à Bruxelles, et à l’UEFPF à Paris. Alors quand je tombe sur un con de producteur français, qui me dit qu’un auteur de romans n’est pas capable d’écrire un scénario et qu'il lui faut un script doctor, je l’envoie péter. ( et y’en a beaucoup !). Raison pour laquelle j’ai mis 10 ans pour trouver les bonnes personnes pour faire mon prochain film.
J’ai aussi travaillé chez Claude Lefrancq ( BD) comme attachée de presse et après j’ai écrit des scénarios BD pour un éditeur à Paris. Puis des pièces de théâtre ( 6 ont été jouées en Belgique et en France) et j’ai publié plus de 70 romans, fait un court-métrage « Un noël de chien" ( avec Annie Cordy, JC Dreyfus et François Morel )- et écrit et réalisé un long -métrage « Madame Edouard » ( avec un gros casting). J’ai aussi fait deux fils de pères différents et me suis mariée 3 fois. Une quarantaine de déménagements dans les pattes…
Là, je ne fais plus qu’écrire ( polars, romans, théâtre, scénario…) et je profite un max de la vie et des gens que j’aime.
2- De tous ces métiers et vocations laquelle vous apporte le plus de plénitude et dans lequel vous vous amusez le plus ?
La réalisation et l’écriture. J’adore les deux.
3- Vous écrivez énormément dans le style policier et thriller, pourquoi ce style ? Est-ce un choix d'écrire des histoires décalées mêlant humour et tragique ?
Non, c’est pas un choix, je vais au gré de ma fantaisie et de mon imagination. En Belgique, on ne classe pas les artistes dans un tiroir. On est écrivain, et pas « auteur de polars » ou « écrivain littéraire », ce que je trouve ridicule d’ailleurs. Ca rassure les français, mais nous autres on s’en fout. J’aime bien les polars - puisqu’il faut les nommer ainsi- car c’est moins nombriliste que les romans dits « littéraires », mais il y a des exceptions. En Belgique, on est connus pour notre sens de la dérision. Donc, fatalement mes racines sont nourries d’humour noir, de surréalisme, de moments tragi-comiques.
4- Pouvez-vous nous raconter comment vous est venu le commissaire Léon, le policier qui tricote ? Votre inspiration vous vient-elle de vos préférés comme Frédéric Dard ?
J’adore Frédéric Dard ( surtout ses romans- moins les San Antonio, même si je leur trouve une sacrée verve), mais je ne pense pas m’être jamais inspirée de qui que ce soit. J’ai mon univers propre. Le flic qui tricote me vient d’une histoire ( oui, par contre, je peux m’inspirer d’anecdotes ou de faits-divers mais jamais d’autres écrivains). C’est le comédien Daniel Ivernel qui m’avait raconté que Paul Meurisse ( Le monocle rit jaune) faisait de la tapisserie entre les prises. Puis ça m’amusait l’idée d’un flic qui tricote en cachette…Et mon chien s’appelle Léon, comme mon commissaire.
5- Le théâtre et le cinéma vous ont-ils apporté un plus dans votre vie et carrière de romancière ?
Oui, j’ai beaucoup aimé voir mes écrits vivre sur une scène et mes personnages être incarnés par des bons comédiens. J’ai eu la chance d’avoir les meilleurs. Mais j’ai encore plus aimé le cinéma car là, j’ai tout dirigé de A à Z. C’est mon bébé à part entière et je l’assume à fond. 10 ans après, il passe encore à la télé ( samedi dernier sur Club RTL) et mon grand bonheur est que les gens qui le découvrent en sont fans. Il est totalement atypique. Passé inaperçu à l’époque car il est sorti le jour d’Harry Potter…Mais il a une seconde vie grâce au succès de mes livres. J’ai hâte d’en refaire un autre. John Malkovich avait accepté de jouer dans Madame Edouard. Ca n’a pas pu se faire car le tournage a été décalé. Mais nous sommes restés amis. Et je le suis restée avec tous les acteurs et actrices de mon film ( tout particulièrement avec Dominique Lavanant qui est devenue une de mes meilleures amies, et Benabar qui avait écrit la musique.) Et ça c’est un de mes grands bonheurs !
6- Quel est votre ressenti lorsque vous écrivez ? L'écriture de roman vous apporte t-il quelque chose de spécial ?
Au moment où j’écris, je m’éclate ! Je ne suis pas un auteur torturé pour qui écrire est un supplice; Suis pas maso ! Si je ressentais cette douleur, je n’écrirais pas. Je ne comprends pas les écrivains qui me disent que c’est difficile, que c’est une torture pour eux…N’ont qu’à faire autre chose alors. Y ‘a tellement de bouquins, on n’a pas besoin de nous. Dans la vie, il faut dans la mesure du possible, faire ce qui nous plaît et c’est seulement comme ça qu’on peut être heureux et donner du bonheur aux autres. Sinon on devient aigris. Et des écrivains ronchons ou qui se la pètent, y’en a pas mal...
7- Quels sont vos projets pour le futur ? Comptez-vous refaire du théâtre ou aimeriez-vous réadapter la suite de Madame Edouard ?
J’ai écrit une pièce de théâtre pour Andréa Ferreol et JC Dreyfus. Puis j’attends des nouvelles pour mon projet de film « Les vacances d’un serial killer » qui se ferait avec un prod belge ( qui avait produit mon 1er film) et un prod Luxembourgeois. Plus avec les français qui veulent tout aseptiser !
8- Quel rôle joue votre entourage et votre environnement lorsque vous écrivez ?
Très important ! Mon mari est un amour. Il s’occupe de tout, fait le ménage, la cuisine etc…pour me permettre d’écrire. Il est sculpteur et fait des choses extraordinaires avec des objets de récup. Puis il me protège et m’entoure de beaucoup d’amour. Mes fils aussi. Et mon petit chien Léon se cache sous mes jupes quand j’écris.
9- Pouvez-vous nous racontez une journée type d'écriture de vos romans ?
J’écris quand ça me chante.Mais presque tous les jours. Je suis une bosseuse bohème. J’ai toujours eu une très grande facilité d’écriture et beaucoup d’imagination. Ca aide ! Quand je n’écris pas, je lis, je regarde des films, je voyage, je vais au cinéma, ou boire des coups avec mes potes à La Midinette, mon QG à Montmartre.
10- Lorsque vous rencontrez vos fans, que leur dites vous ? Quel message aimeriez vous faire passer ?
J’adore les rencontrer parce qu’ils me filent la patate ! Ils me disent des trucs tellement gentils que ça me motive pour continuer à écrire. C’est comme savourer une bonne bouteille de champagne ! Ce que j’ai envie de leur dire, je l’écris dans mes livres, sous des dehors caustiques, derrière mon nez de clown, je distille des petites choses de la vie qui me paraissent importantes. Comme des coquelicots dans un champ d’herbes folles…
Je leur dirais aussi qu’il faut tout faire pour réaliser ses rêves, qu’il n’y a rien de pire que de partir avec des regrets.
11- Question bonus : quelle question aimeriez-vous que l'on vous pose et que l'on ne vous a jamais posé ? Quelle en serait la réponse ?
Présentation de ses livres :Peut-on être amoureuse de plusieurs personnes à la fois ? Mais je n’y répondrai pas...
- Les enquêtes du commissaire Léon
- Mémé Cornemuse
- Contes des petites filles
- Et bien d'autres...
Si vous souhaitez en savoir plus sur les livres et l'auteur voici le lien de sa page auteur : Nadine Monfils.
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